Vous la sentez revenir, cette douce marotte après laquelle court l’exécutif depuis le début du quinquennat Macron ? Celle qui consiste à faire croire aux gens les plus en difficulté qu’il faut faire le dos rond et accepter que l’État réduise ses dépenses sociales au profit de la sauvegarde de sa dette publique ?
C’est l’impression donnée ce mardi 12 mars. « La sphère sociale représente la moitié de la dépense publique, elle doit contribuer à l’effort global », confiait Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, au journal les Échos. De fait, à l’occasion de la publication annuelle de son rapport public, l’institution de la rue Cambon a livré ses analyses sur la trajectoire des finances publiques. Si les prévisions vont dans le même sens que celles de l’exécutif, l’addition s’annonce plus salée.
Les 3 % en ligne de mire
Alors que Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, avait déjà annoncé à reculons que sa prévision de croissance à 1,4 % pour l’année 2014 ne dépassera pas en réalité 1 %, les auteurs de la Cour des comptes envisagent plutôt une augmentation de 0,7 %, selon le consensus de plusieurs économistes.
L’objectif du gouvernement a été jugé trop « optimiste ». « Cette révision à la baisse est assortie de mesures d’économies destinées à maintenir inchangées la prévision de déficit et la trajectoire pluriannuelle que trace la loi de programmation des finances publiques. Alors que la charge de la dette croît rapidement, la trajectoire pluriannuelle de retour du déficit sous les 3 % à l’horizon 2027 exigera d’importants efforts de maîtrise de la dépense, qu’il importe d’identifier et d’étayer rapidement », précise le rapport. Et pour ce faire, la Cour des comptes table sur « 50 milliards d’euros d’économies nouvelles » à réaliser d’ici à 2027, contre les 10 milliards précédemment envisagés par Bercy.
Mais selon quelles mesures ? Le document précise qu’elles « ne sont pour l’essentiel pas étayées à ce stade ». Pourtant, jusqu’à présent, la bourse des précaires semble avoir été la principale occupation des dirigeants : restrictions des droits pour les allocataires du RSA, réforme de la Sécurité sociale ou encore de l’assurance-chômage. Fin février, le premier ministre Gabriel Attal se réservait encore le choix d‘« accentuer la dégressivité des allocations » de cette dernière.
« Pour 2024, le gouvernement prévoit une réduction de 0,5 point de PIB du déficit public, qui atteindrait 4,4 points du PIB sous l’effet de l’extinction des mesures exceptionnelles. Aucun nouvel effort d’économie structurel n’avait été programmé par la loi de finances pour 2024, seules les réformes des retraites et de l’assurance-chômage, déjà engagées, venant contenir les dépenses », note également le rapport de la Cour des comptes.
En revanche, il n’est toujours pas question d’augmenter les impôts des plus fortunés. « Augmenter les prélèvements obligatoires n’a jamais été le bon outil, on l’a fait en 2013, considère Pierre Moscovici (alors ministre de l’Économie et des Finances), parce qu’on n’avait pas le choix. Cependant, tout ceci relève d’un débat politique. »