Les chiffres sont implacables. En vingt ans, le travail a fauché plus de 21 000 salariés et en a blessé 13,5 millions, selon les données compilées par l’Humanité. Et encore, ces statistiques ne prennent en compte que les salariés du régime général de la Sécurité sociale, auxquels il convient d’ajouter les données transmises par la Mutualité sociale agricole : ses fichiers font état d’au moins 3 125 agriculteurs morts depuis 2006, mais n’intègrent pas les suicides. Des chiffres globaux qui laissent pourtant dans l’ombre plus de 8 millions de travailleurs pour lesquels les données sont au mieux lacunaires, au pire inexistantes.
« On a trop de Français qui meurent au travail », déclarait Gabriel Attal, alors premier ministre, en mars 2024. Une formule quelque peu maladroite (le fait d’avoir « trop » de morts suggère la possibilité d’établir un nombre de décès « acceptable ») mais qui avait le mérite de placer le sujet sous les feux des projecteurs. Depuis, rien ne s’est produit ou presque. Et le bilan, inexorablement, a continué de s’alourdir.
BTP, une hécatombe évitable
Ici, c’est un ouvrier anonyme de 32 ans qui chute d’un toit alors qu’il travaillait sur un chantier de la Manche. Là, un jeune homme écrasé par un engin conduit par un collègue, en Essonne. Les…