Par Maryse Dumas, syndicaliste
L’année 2024 touche à sa fin. Une année éprouvante par sa complexité et ses contradictions, tant au plan national qu’international. Devant nous, un brouillard très dense que nos convictions sur la nature des enjeux et le poids des forces en présence ne suffisent pas à dissiper. Se refaire le film, réfléchir à ce que nous avons pu comprendre et analyser de ce qui s’est passé est indispensable pour avancer. Ce n’est pas perdre du temps si on veut peser sur le réel plutôt que se faire balader comme une plume au vent. Alors, que retirer de 2024 ?
Pour ma part, d’abord la force de l’interdépendance planétaire, non seulement sur les questions environnementales et climatiques, mais aussi sur les pulsions politiques. On connaît la théorie de « l’effet papillon » selon laquelle le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut conduire, par des effets en chaîne, à une tornade au Texas. C’est un peu ce que nous vivons : les guerres se propagent d’une zone à l’autre. Elles ne se limitent plus à des conflits locaux ou régionaux. Elles menacent aujourd’hui la paix du monde, au point de raviver les inquiétudes sur une utilisation possible de l’arme nucléaire, ce que soulignent les trois rescapés de Nagasaki qui viennent de recevoir le prix Nobel de la paix.
La globalisation libérale produit partout une explosion des inégalités et partout aussi des poussées d’extrême droite. On ne compte déjà plus le nombre de dirigeants d’extrême droite au pouvoir. Ils se confortent et s’entraident les uns les autres. L’élection de Donald Trump en rajoute et leur donne de nouveaux moyens et de nouveaux relais. La France n’est pas en dehors. Aux États-Unis, la victoire du milliardaire est davantage le fruit du recul démocrate que de son propre progrès électoral. Mais c’est bien le problème qui nous occupe aussi, ici, en France. Il faut se féliciter que la gauche ait réussi à s’unir dans un « Nouveau Front populaire » pour relever le défi des élections législatives anticipées puis pour constituer un front républicain qui a barré la route au RN dans son accès au pouvoir. La forte mobilisation électorale montre la disponibilité des forces vives de notre pays dès lors que les enjeux sont clarifiés et qu’on lui propose des alternatives réelles. Mais depuis ce résultat, la situation s’enlise. Le rapport des forces n’est pas suffisant pour que la gauche, arrivée première au résultat des urnes, réussisse à imposer à Macron de nommer un ou une des siens à Matignon.
Dans des temps pas si anciens, les luttes sociales pouvaient être le ressort permettant de débloquer, en faveur de la gauche, les situations politiques figées à droite. Mais c’est devenu beaucoup plus difficile aujourd’hui. La situation française ne se résume plus à un affrontement droite-gauche classique. Le poids du RN, la dissémination de ses idées nauséabondes dans le pays, son début de structuration en parti de masse modifient la donne. L’opposition de gauche n’apparaît plus la seule ni même la mieux placée pour « renverser la table ». Deux défis se posent alors aux forces progressistes : redonner à la politique son sens premier d’intervention citoyenne et démocratique en sortant la sphère politique de l’espèce de bulle étanche dans laquelle elle semble s’enfermer, et alimenter les luttes sociales, tout en respectant leur autonomie, de propositions réellement alternatives. Il n’y a pas beaucoup d’autres moyens de parvenir à démystifier le discours du RN.
Aux côtés de celles et ceux qui luttent !
L’urgence sociale, c’est chaque jour la priorité de l’Humanité.
En exposant la violence patronale.
En montrant ce que vivent celles et ceux qui travaillent et ceux qui aspirent à le faire.
En donnant des clés de compréhension et des outils aux salarié.es pour se défendre contre les politiques ultralibérales qui dégradent leur qualité de vie.
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